Journée d'études du MARDI NOVEMBRE 2024 - Logis du Roy (square Jules Bocquet-Amiens) - 9h-16h30
Sujet: des socialistes CONTRE le programme commun de gouvernement de la gauche de 1972
LES SOCIALISTES CONTRE
LE PROGRAMME COMMMUN DE GOUVERNEMENT DE 1972
CENTRE D’HISTOIRE DES SOCIÉTÉS, DES SCIENCES ET DES CONFLITS
UNIVERSITÉ DE PICARDIE-JULES VERNE
MARDI 5 NOVEMBRE 2024
APPEL À CONTRIBUTION
Le colloque que le Centre d’histoire des sociétés, des sciences et des conflits de l’Université de Picardie-Jules Verne a consacré en 2015 à la carrière politique locale et nationale de Max Lejeune[1], avait montré qu’il était utile pour l’histoire politique de la France contemporaine de s’interroger sur ces socialistes qui, à l’image de Max Lejeune, avaient refusé le rapprochement du Parti socialiste avec le Parti communiste français puis la signature du programme commun de gouvernement en 1972. Dans le cas de l’ancien maire d’Abbeville, cette rupture avec le PS, dirigé dorénavant par François Mitterrand, avait abouti, après les épisodes du Mouvement Démocrate Socialiste de France puis du Parti Social-Démocrate à un rapprochement avec le giscardisme et un engagement au sein de l’Union pour la Démocratie Française [2].
Dans sa contribution à l’ouvrage dirigé par Danielle Tartakowsky et Alain Bergounioux sur le programme commun[3], Gilles Morin avait déjà signalé l’intérêt de cette question et travaillé sur celle-ci[4].
À l’heure où des débats opposent certains socialistes français à la direction du PS qui a accepté, en 2022, l’alliance électorale de la NUPES, dont le but était, comme au commencement des années 1970, de rassembler les forces politiques de la gauche française – dans un contexte, certes, tout à fait différent – , il semble opportun de relancer cette recherche. Le 5 NOVEMBRE 2024, le CHSSC de l’UPJV organisera, à Amiens, une journée d’étude ainsi consacrée aux socialistes ayant refusé le programme commun de la gauche. Cette manifestation est soutenue par la Société française d’histoire politique et le Comité d’histoire parlementaire et politique.
La question pourra être travaillée selon plusieurs axes :
- Celui des itinéraires individuels de personnalités politiques qui ont partagé ce refus d’accord entre le PS et le PCF. Le cas de Max Lejeune est maintenant bien connu grâce à la contribution que Philippe Nivet lui consacra lors du colloque de 2015. D’autres noms s’offrent à des études à venir. On pense ainsi à Émile Muller, candidat à l’élection présidentielle de 1974, parmi d’autres petits candidats[5], qui obtint le soutien de Max Lejeune et de plusieurs socialistes en rupture avec le PS de François Mitterrand. Mais encore, à différentes échelles de la vie politique, locale ou nationale, aux personnalités suivantes : Charles Baur, Léon Boutbien, Charles Ceccaldi-Raynaud, Georges Donnez, Éric Hintermann, Etienne Gagnaire, André Martin, André Santini. Cette liste n’est évidemment pas limitative.
Pour chacun d’eux, il s’agirait de cerner les raisons de ce refus du programme commun : anticommunisme, hostilité à François Mitterrand, crainte circonstancielle pour leur ancrage électoral menacée par des candidatures communes, etc.
- Celui de l’audience électorale de ces socialistes qui sont allés devant les électeurs, isolément, ou dans le cadre des formations qui sont alors apparues. Les fiefs locaux peuvent avoir caché, derrière l’attachement de l’électorat à une personnalité, le désaccord dudit électorat avec ses positions nationales. Au contraire, la rupture avec le PS peut avoir, parfois, attiré des électrices et des électeurs.
- Celui des structures partisanes qui furent nombreuses à tenter de rassembler les socialistes en rupture avec leur parti. On songe à « Socialisme et Liberté » de Georges Donnez ou à « Socialisme et Démocratie » d’Étienne Gagnaire, à la fin des années 60, au Parti de la Démocratie socialiste d’Émile Muller en 1970, évidemment au Mouvement Démocrate Socialiste de France de Max Lejeune en 1973, devenu le Parti social-démocrate en 1982, à « Présence socialiste » de Léon Boutbien, ou encore à la « Fédération des socialistes démocrates » d’Éric Hintermann en 1975. L’écho de la création de ces mouvements sur la composition des groupes parlementaires pourrait encore être un angle d’étude.
- Celui du corpus idéologique et des idées mises en avant pour justifier ce refus du programme commun. La lecture des professions de foi des candidats ou de certains écrits théoriques – on pense au Manifeste pour une social-démocratie française publié par Éric Hintermann en 1979 (Albin Michel) – révèle que l’anticommunisme ne suffit pas à expliquer ces ruptures. On peut même trouver, çà et là, l’invocation d’un refus de la bipolarité de la vie politique française qui questionne à l’heure du macronisme.
Au total, il est possible que s’interroger à nouveau sur ces itinéraires, ces mouvements et ces idées, à l’aune de l’histoire française de la social-démocratie, permette d’en enrichir son histoire, en allant au-delà de ce qui peut apparaître comme un échec de ces personnalités socialistes en rupture avec leur parti.
C’est toute l’ambition de cette journée d’études.
Centre d’Histoire des Sociétés, des Sciences et des Conflits
de l’Université de Picardie-Jules Verne – juin 2023
Contact : david.bellamy@u-picardie.fr
[1] Colloque publié sous la direction de David Bellamy, Max Lejeune 1909-1995. Carrière politique d’un Picard, Amiens, Encrage, 2017.
[2] Cette évolution avait été traitée lors du colloque de 2015 par plusieurs intervenants : Julien Cahon, « Max Lejeune, le député (1936-1977), op. cit., pp. 113-125 ; Arnaud Dupin, « Max Lejeune et le PS de 1962 à 1972. Du notable SFIO défenseur de la démocratie socialiste, au dissident du programme commun », op.cit., pp. 195-205 ; Philippe Nivet, « Max Lejeune, du Parti socialiste à l’UDF », op. cit., pp. 223-240.
[3] Danielle Tartakowsky et Alain Bergounioux (dir.), L’Union sans unité. Le programme commun de la gauche 1963-1978, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2012.
[4] Gilles Morin, « Oppositions et tensions socialistes face au programme commun (1971-1977), op. cit., pp. 223-238.
[5] Cf. le colloque organisé par Fabien Conord et publié dans Histoire@Politique. Fabien Conord et Gilles Richard, « Les « petits candidats » aux élections présidentielles sous la Ve République, handicap ou atout pour la démocratie ? », Histoire@Politique [En ligne], 44 | 2021, mis en ligne le 01 juin 2021, consulté le 26 juin 2023.
- Enseignant: Bellamy David