• Les informations clés

    • La MILDECA publie les résultats de l’enquête scientifique « Violences sexistes et sexuelles dans l’enseignement supérieur en France : un focus sur l’alcool et le cannabis », conduite en partenariat avec le ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (MESR). Menée par le Professeur des Universités Laurent Bègue Shankland auprès de 67 000 étudiant(e)s et élèves de grandes écoles entre 2023 et 2024, cette recherche d’une ampleur inédite indique que l’alcool est présent dans plus de la moitié des violences sexuelles rapportées depuis l‘arrivée dans l‘enseignement supérieur.

    • Cette enquête s’appuie d’abord sur un constat : les événements d'intégration dans

      l'enseignement supérieur français, organisés dans les établissements de 98% des

      3990 étudiant·es ayant répondu à notre enquête, jouent un rôle essentiel dans la

      socialisation des étudiant·es. Ces événements, majoritairement organisés par des

      associations étudiantes telles que les Bureaux des Étudiant·es (BDE), suscitent une

      grande participation : 71,7% des personnes interrogées ont ainsi participé à ces

      événements. Parmi elles·eux, 89,4% ont assisté à des soirées festives et 67,5% à des

      week-ends ou semaines d'intégration. 91,2% des répondant·es perçoivent ces

      événements comme une opportunité de tisser des liens et de renforcer la solidarité au

      sein des promotions. C’est donc une part non négligeable de l’expérience étudiante en

      France, qui mérite notre attention. Malheureusement, ils présentent également des

      aspects préoccupants : ils sont notamment considérés comme un terrain propice aux

      violences sexistes et sexuelles (VSS) par plus d’1 répondant·e sur 2.

      La moitié des étudiant·es identifie la consommation excessive d'alcool comme l'un

      des principaux facteurs aggravants des violences, tandis que 17,7% soulignent

      l'importance des dynamiques de pouvoir et de hiérarchie entre les promotions -

      souvent liées à des pratiques de bizutage - comme facteur de ce risque. Ces

      dynamiques exacerbent la vulnérabilité des nouvelles·aux étudiant·es, alors que le cadre

      festif des événements, perçu comme “hors du temps”

      , favorise un climat d'impunité des

      auteur·es de violences.

      L’intégration serait donc loin de ses idéaux d’inclusion et de partage. En effet, 1

      répondant·e sur 3 s'est volontairement abstenu·e de participer à ces événements

      d’intégration, souvent en raison d'un manque d'intérêt ou de la perception de ces

      événements comme n’étant pas suffisamment inclusifs, particulièrement pour les

      personnes en situation de handicap ou issues de minorités1

      . En revanche, l'alcool est,

      lui, omniprésent : il est proposé de façon systématique dans 41,8% des cas, et près de 4

      participant·es sur 10 admettent en surconsommer à cette occasion, surtout dans les

      grandes écoles. Cette consommation excessive favorise tous les types de violence et

      empêche dès lors une intégration saine des nouvelles·aux arrivant·es.

      Le bizutage demeure une pratique courante, touchant 11% des répondant·es, et

      particulièrement durement les étudiant·es de milieux sociaux défavorisés ou en

      situation de handicap. Les actes de bizutage incluent dans 2 cas sur 3 des pratiques

      humiliantes, mais aussi parfois des comportements violents, dégradants et des actes

      1 Dans cette enquête, nous avons mis l’accent sur plusieurs critères de discriminations ou inégalités :

      âge, origine ou couleur de peau, sexe, orientation sexuelle, identité de genre, religion, état de santé

      ou handicap, poids ou apparence physique, langue ou accent, quartier et région d’origine, métier et

      origines sociales, opinions politiques… Les analyses croisées utilisées sont détaillées dans le rapport.

      1sexuels non consentis. Ces actes de bizutage ont des conséquences graves : 8,5% des

      répondant·es déclarent avoir déjà ressenti de la peur à l'idée de se rendre dans leur

      établissement ou dans un environnement étudiant en raison du bizutage. Pourtant, on

      observe un manque de connaissance et une forte tolérance aux pratiques de

      bizutage : 1 étudiant⋅e sur 4 ne considère pas les blagues dégradantes comme du

      bizutage, et 1 étudiant⋅e sur 5 ne considère pas le fait de forcer une personne à

      participer à des activités comme du bizutage.

      Les violences sexistes et sexuelles sont également répandues : alors que 37,1% des

      répondant·es ont été témoins ou victimes d'au moins une forme de violence lors de

      ces événements, ce pourcentage grimpe à 61,8% pour les femmes et les personnes

      non-binaires. Ces violences sont souvent récurrentes : 13,7% des personnes concernées

      déclarent que ces incidents sont habituels. 23,5% des répondant·es ont été victimes

      ou témoins d’exhibition sexuelle, 1 étudiant·e sur 10 a été victime d’outrage sexiste

      et 1 étudiant·e sur 20 a été victime d’agression sexuelle. La plupart de ces incidents se

      produisent lors de soirées festives ou de week-ends d'intégration : 1 victime d’agression

      sexuelle sur 6 a été agressée la première semaine de sa première année d’étude.

      Malgré la gravité de ces actes, seul un tiers des victimes a reçu une aide extérieure au

      moment des faits, et à peine 5% des témoins ou victimes ont signalé les faits à leur

      établissement.

      Et pour cause, les réponses des établissements sont jugées largement insuffisantes :

      seul·e 1 répondant·e sur 3 estime que son établissement prend des mesures

      suffisantes en cas de VSS, et 54,7% des répondant·es pensent que “les auteur·es de

      violences ne sont jamais puni·es”

      . Bien que des dispositifs de lutte contre les VSS

      existent dans certains établissements, une grande proportion des étudiant·es n'en est

      pas informée ou doute de leur efficacité. Par exemple, près de 20% jugent les cellules

      d'écoute inefficaces, et 28,7% expriment des doutes quant à l'efficacité des Chargé·es de

      mission Égalité et Diversité. Cela peut s’expliquer en partie par le manque de ressources

      humaines etfinancières dont disposent les missions Égalité au vu des missions qui leur

      incombent, ainsi que par un manque de connaissance des étudiant·es sur leur rôle

      exact.

      Face à ces défis, la majorité des répondant·es préconise un changement des

      processus d'intégration, mettant l'accent sur la prévention, la formation des

      organisateur·rices, et une plus grande implication des établissements pour créer un

      environnement inclusif et sécurisé. La solution n’est pas de supprimer l’intégration ou de

      fermer les yeux sur les violences qui existent, mais bien de voir cette période comme

      une opportunité : celle de créer du lien, de s’assurer que chacun·e trouve sa place et soit

      en sécurité, et d’innover pour réinventer ce qui rassemble les étudiant·es.


    • "Elle forme les jardiniers de la ville de Paris depuis plus d’un siècle. Plusieurs élèves de l’école du Breuil disent avoir subi le comportement déplacé d’un enseignant. Des remarques et des gestes qui remontent à plusieurs années, selon l’enquête de la cellule investigation de Radio France."