5 10 15 20 25 TARTUFFE Lamour qui nous attache aux beauts ternelles NՎtouffe pas en nous lamour des temporelles. Nos sens facilement peuvent tre charms Des ouvrages parfaits que le Ciel a forms. Ses attraits rflchis brillent dans vos pareilles; Mais il tale en vous ses plus rares merveilles. Il a sur votre face panch des beauts Dont les yeux sont surpris et les curs transports; Et je nai pu vous voir, parfaite crature, Sans admirer en vous lauteur de la nature, Et dune ardente amour sentir mon cur atteint Au plus beau des portraits o lui-mme il sest peint. Dabord japprhendai que cette ardeur secrte Ne ft du noir esprit une surprise adroite; Et mme fuir vos yeux mon cur se rsolut, Vous croyant un obstacle faire mon salut. Mais enfin je connus, beaut toute aimable, Que cette passion peut nՐtre point coupable, Que je puis lajuster avecque la pudeur, Et cest ce qui my fait abandonner mon cur. Ce mest, je le confesse, une audace bien grande Que doser de ce cur vous adresser loffrande; Mais jattends en mes vux tout de votre bont, Et rien des vains efforts de mon infirmit. En vous est mon espoir, mon bien, ma quitude; De vous dpend ma peine ou ma batitude; Et je vais tre enfin, par votre seul arrt, Heureux, si vous voulez, malheureux, sil vous plat. Molire, Tartuffe1, Acte III, scne 3. I. Syntaxe tudiez les adjectifs. II. Lexicologie tudiez pudeur (v. 19) et quitude (v. 25). 1 Premire reprsentation: 12 mai 1664. --------------- ---------------------------------------- --------------- ---------------------------------------- 2020-2021 V. Bisconti L3 L&H Texte 1