Aux origines du politique : solitude, sociabilité, solidarité

Ce cours entend introduire à la philosophie morale et politique en montrant comment les philosophes ont pensé diversement les origines du politique, de l’État et de la société. Plusieurs thèses s’affrontent encore aujourd’hui sur la nature d’un état pré-social et pré-politique de l’humanité, qui toutes viennent s’ancrer dans la défense ou la critique de ce qu’il est convenu d’appeler l’individualisme. L’individu théoriquement seul et clos sur lui-même est-il à l’origine d’une société qui se construirait à partir de lui et autour de lui ? Si oui, comment celle-ci est-elle née ? L’homme a-t-il une inclination naturelle à la sociabilité ? Si le solitaire a longtemps fait figure de sauvage et d’asocial que la cité antique n’a cessé de craindre et de réintégrer dans la communauté, l’État moderne s’élabore précisément sur la fiction d’un « état de pure nature » postulant des êtres isolés les uns des autres qui s’unissent par besoin. Deux grandes tendances vont progressivement se dégager, celle qui consiste à protéger le plus possible l’individu contre les intrusions et le contrôle d’une institution étatique menaçant les libertés individuelles et une autre, consciente d’une autre menace qui guette l’individu lui-même, celle d’un égoïsme destructeur du lien social sans lequel aucune émancipation ne semble possible. Il s’agira alors de penser d’autres fondements du politique et d’envisager, plus qu’une sociabilité, une solidarité constitutive d’un lien premier qui s’exprime dans les affects de sympathie, de fraternité et de concorde, venant concurrencer des affects séparateurs comme l’envie et l’orgueil au fondement de l’individualisme.