Histoire et théories de l'anthropologie du milieu du XIXème siècle aux années 1970

Sociologues et anthropologues ont traditionnellement pour habitude de constituer eux-mêmes le corpus de données qu’ils analysent à partir de questionnaires, d’observations ethnographiques et d’entretiens. Toutefois, dans les sociétés contemporaines où l’écrit occupe une place de plus en plus importante, le recueil et l’analyse de sources écrites diverses (publicités, cahiers, mains courantes, blogs, journaux intimes, généalogies, actes notariés, etc) et d'objets, constituent désormais une part de l’enquête de terrain. Comment interpréter ces matériaux ? Quel crédit leur apporter ? Le regard que leur portent le sociologue ou l’anthropologue est-il différent de celui de l’historien ? Comment peut-on les articuler avec les données ethnographiques recueillies in situ, voire avec des données statistiques ? Autant de questions que l’on explorera dans ce cours, à partir de romans (Annie Ernaux, Marcel Proust), d’écrits autobiographiques, de correspondances, d’écrits institutionnels, d’actes notariés, et autres documents que les étudiants seront invités à décrire et à analyser.


Dans le langage ordinaire, le terme de «politique» renvoie à l’idée d’une rupture entre la politique et la société; à l’idée d’une sphère autonome de la politique, associée aux institutions de l’État, où des professionnels spécifiques (les politiciens) élaborent des actions spécifiques (décisions politiques). Or l’anthropologie nous apprend à regarder le politique autrement et à le détecter à tous les niveaux de la société. Sa force réside, pour une part, dans sa démarche comparative. En s’intéressant, d’abord, aux sociétés dites «primitives», l’anthropologie a décentré le regard sur le politique et a élaboré des catégories nouvelles comme «société sans État», «segmentaires» ou «acéphales». En se tournant, ensuite, vers les sociétés à État, elle a étudié les formes du politique qui se développent au-delà et en deçà des institutions formelles du pouvoir; elle s’est penchée sur les formes de résistance des «subalternes» dans les sociétés paysannes ou industrielles et s’est intéressée de plus près à la question des rapports de pouvoir. Enfin, au cours de ces dernières trente années, elle a profondément renouvelé ses méthodes, objets et théories dans le but de mieux comprendre et approcher les interdépendances entre le local et le global. Aujourd’hui, son champ de recherche est pratiquement illimité, l’anthropologie contribuant, par exemple, aux débats contemporains sur la nature du pouvoir ou encore à l’étude de l’émergence de nouvelles formes de mobilisation et de vivre ensemble.

 

Cet enseignement articule cours magistral et travail sur des textes, et poursuit deux objectifs pédagogiques. Le premier consiste à présenter la genèse et le développement de l’anthropologie politique, ses approches et ses outils d’analyse spécifiques. Le second vise à présenter quelques objets et terrains étudiés dans une perspective d’anthropologie politique. On analysera à cet effet plusieurs travaux et on abordera différentes questions, en l’occurrence celle de l’ethnicité et de la construction des frontières ethnico-raciales, ou celle des mouvements politiques, économiques ou écologiques qualifiés d’alternatifs (en rupture avec un certain paradigme dominant).


Auteurs contemporains 2

Tiphaine Barthelemy (fonctionnalistes et structuralistes)

Aline Hémond (textes récents)