L’œuvre publiée du vivant de Foucault comporte comme deux ensembles. L’un est constitué par les ouvrages qui l’ont rendu célèbre et que l’on rattache traditionnellement à trois périodes thématiques : d’abord, au problème du savoir (épistémologie) — l’Histoire de la folie (1959), Les Mots et les choses (1966), L’Archéologie du savoir (1969) —, ensuite au problème du pouvoir (politique) — Surveiller et punir (1975), La volonté de savoir  (1976) — et enfin au problème du sujet (éthique) — cf. les deux derniers volumes de l’Histoire de la sexualité (1984). L’autre ensemble, moins connu, est composé des travaux, souvent collectifs, mené sur les hommes infâmes et les vies infimes, et sur la possibilité de faire entendre leur parole : à partir des lettres de cachet conservées dans archives de la Bastille (« La vie des hommes infâmes », 1977 ; Le Désordre des familles, 1982), à partir du mémoire d’un jeune parricide condamné à mort (Moi, Pierre Rivière ayant égorgé ma mère, ma sœur et mon frère…, 1973) ; à partir du mémoire d’une personne intersexe au bord du suicide (Herculine Barbin, dite Alexina B., 1978). Dans la part de son œuvre la plus connue, Foucault demande ce qu’une société tient pour vrai, comment elle aménage des formes de savoir, des techniques de pouvoir et des modes de subjectivité correspondants. Mais une question demeure constante : comment les sujets peuvent-ils inventer en retour les moyens d’y résister, pour tracer une ligne de vie qui ne soit pas un simple vis-à-vis du pouvoir ? « On me dira : vous voilà bien, avec toujours la même incapacité à franchir la ligne, à passer de l’autre côté, à écouter et à faire entendre le langage qui vient d’ailleurs ou d’en bas ; toujours le même choix, du côté du pouvoir, de ce qu’il dit ou fait dire » (Foucault, « La vie des hommes infâmes »). Or, c’est précisément l’enjeu des travaux de Foucault autour de ces vies infâmes et infimes. Le cours sera une analyse de ces trois ouvrages, pour montrer comment cette part secrète de l’œuvre publiée de Foucault explore un problème qui est central et diffus dans toute son œuvre : la résistance du sujet aux pouvoirs et aux formes de savoir correspondantes.