L’objectif du cours est d’explorer l'inscription de la présence des immigrés en provenance de territoires de langue allemande dans le tissu urbain de New York autour de 1900, c’est-à-dire au moment où ils constituent la communauté étrangère la plus importante aux États-Unis selon les chiffres du US Census Bureau de 1910. Caractérisée par une très forte hétérogénéité sociale, politique et religieuse, la communauté germanophone présente une organisation spatiale complexe, à la fois dispersée dans la ville et regroupée dans des espaces relativement homogènes, les enclaves. La plus connue d’entre elles, « Kleindeutschland » (« Little Germany ») aujourd’hui disparue, était un ensemble constitué de 400 Blocks (blocs d’habitations) à très forte densité de population, situé au sud-est de Manhattan, dans le Lower East Side. Au début du XXe siècle, quelque 310000 personnes y vivaient dans des conditions souvent précaires, fréquentaient les nombreux lieux de sociabilité (salles de bal et de concerts, théâtres, restaurants, cafés, brasseries), lisaient la presse quotidienne en langue allemande et se rassemblaient dans des Vereine (associations de clubs de tir, chorales, cercles religieux, etc.).

Ces expériences migratoires se donnent à voir dans des narrations très diverses qui les reconstruisent et les reconfigurent tout en mettant souvent en scène la rupture et l’entre-deux. Des extraits d’articles de presse, de journaux intimes, de correspondances, de romans, de films, mais aussi des objets (memorabilia) nous permettront de mieux comprendre comment les immigrés ont cherché à constituer un « ciment » communautaire composé d’habitudes, de conventions et de normes qui a facilité et accéléré leur intégration dans le « Nouveau Monde ».