PORTAIL 1ere ANNEE PHILOSOPHIE - SCIENCES SOCIALES [POPHSO231]

Après des siècles marqués par leur exclusion du « canon », il semble qu’aujourd’hui, à la lumière du processus de décolonisation, on assiste enfin à une certaine dés-eurocentrisation des formes d’art qui sont prises en compte par les institutions qui gèrent le patrimoine culturel dans l’espace publique – pour prendre des exemples récents, on peut penser à l’exposition Senghor et les arts. Réinventer l’universel du musée du Quai Branly (7 février-19 novembre 2023) ou à l’exposition Faith Ringgold. Black is beautiful du musée Picasso de Paris (31 janvier-2 juillet 2023). Cela appelle à une réflexion renouvelée sur le monde de l’art et les relations de pouvoir qui le sous-tendent : c’est précisément dans ce contexte que se situe le présent cours, qui vise à offrir aux étudiant.e.s une introduction aux principales problématisations que les études décoloniales et postcoloniales posent à l’esthétique et à la philosophie de l’art.

Le programme s’articule autour de trois parties :

1. La première partie consistera en une introduction générale à ce que l’on entend par « esthétique » et quelles sont les catégories conceptuelles traditionnellement mobilisées dans les travaux philosophiques qui relèvent de cette étiquette, afin de mettre à disposition des étudiant.e.s un vocabulaire philosophique de base lié à ce champ d’étude.
2. La deuxième se composera d’une introduction à la pensée décoloniale et postcoloniale contemporaine : comment la philosophie, depuis la seconde moitié du XXe siècle, a-t-elle commencé à se confronter aux notions de race – et à ses rapports avec classe et genre –, de subalternité, de modernité et, plus généralement, aux rapports de force coloniaux qui marquent encore aujourd’hui les multiples aspects de la société (économiques, politiques, culturels, épistémologiques) ? Quelles innovations théoriques – à commencer par la notion d’intersectionnalité (notamment entre la pensée décoloniale/postcoloniale, les féminismes et la pensée queer) – ont été introduites pour rendre compte des pratiques de lutte politique des minorités opprimées ?
3. La troisième sera consacrée à montrer comment les motifs décoloniaux et postcoloniaux se déclinent plus spécifiquement selon les différentes modalités de l’expérience esthétique. On examinera différentes formes d’expression artistique, comme la peinture et la littérature, ainsi que des disciplines qui portent sur la relation entre le monde artistique et la gestion de l’espace publique, comme l’architecture et la conservation du patrimoine artistique, en montrant quelles relations coloniales de domination sous-tendent le monde artistique et quelles solutions peuvent être proposées pour les déconstruire.