Les transfuges sont ceux qui, désertant une armée ou quittant un parti, trahissent leur camp. Les « transfuges de classe » désignent en sociologie celles et ceux qui (le plus souvent) passent d’un milieu dominé à un milieu dominant, économiquement ou culturellement. Pourtant, c’est avec la littérature que la notion se popularise. Le mot revient sans arrêt dans les médias au point de devenir un argument éditorial ou commercial. Les « récits de transfuges » se multiplient et se vendent bien. Ces textes sont pourtant très variés, aussi bien sur le plan esthétique qu’éthique ou politique, au point que certains y voient parfois une défense et illustration de la méritocratie.
Sans s'interdire d'évoquer des textes plus récents (ceux d'Édouard Louis et de Kaoutar Archi, de Nicolas Mathieu ou Laura Alcoba) et plus anciens (de Rousseau à Vallès en passant par Michelet) ou étrangers (Richard Hoggart), la discussion se focalisera sur deux textes emblématiques et fondateurs de cette nouvelle catégorie de récit – celui d’une écrivaine, Annie Ernaux (1983) et celui d’un sociologue, Didier Eribon (2009). L'objectif de ce cours est de livrer quelques aperçus sur ce « genre » nouveau qui s’écrit à la frontière de la littérature et des sciences sociales. Il vise aussi à fournir des outils de lecture à la fois critiques et interdisciplinaires pour en aborder toute la complexité.
- Enseignant: Racheboeuf-Allard Sam