Le corps politique et et ses réfractaires

Ce cours, couplé avec un séminaire de recherche, sera consacré à l’élucidation d’une figure historique et philosophique, le réfractaire, inspirée du motif biblique de la « pierre rejetée par les bâtisseurs » devenue pierre angulaire, qui renvoie à la trajectoire de David puis du Christ. Ce motif à la fois théologico-politique et architectural ressurgit au fil de l’histoire des idées jusqu’à revenir sous la plume de Thomas Hobbes où au lieu d’être récupéré et même de fonder l’édifice social, l’individu réfractaire, tout comme la pierre impossible à polir, doit être purement et simplement rejeté parce qu’il contrevient à la loi naturelle de complaisance et d’accommodement (Léviathan, chap. XV). Tour à tour stigmate puis mot d’ordre revendiqué depuis tous les bords politiques en particulier au XVIIIe et au XIXe siècle, le réfractaire peut ainsi être vu comme l’envers de l’incorporation sociale et politique, non pas sous la forme subie d’une exclusion ou celle, négative, d’une désaffiliation, mais sous l’aspect actif et dynamique d’une résistance au jeu social. Nous évoquerons en nous appuyant notamment sur les travaux de Dominique Kalifa la constitution de modes d’être réfractaire au cœur des villes (Les bas-fonds, 2013) et, conjointement, les dispositifs d’éloignement et de défense dont la société s’est autrefois servie contre ceux qu’elle considère comme ses dangereux ennemis (Biribi, 2009). Supposant une analogie entre des conduites humaines et des propriétés matérielles, le concept de réfractaire vient s’opposer aux modèles contemporains de flexibilité, d’adaptation permanente ou encore de plasticité et se donne comme une entrave aux métabolismes sociaux, économiques et environnementaux. Les êtres réfractaires, individus et matériaux, travaillent ainsi en profondeur la viabilité du corps social et politique.


Le cours consiste en une lecture suivie de l'ouvrage de William James,
Pragmatism (1907). James applique aux conceptions philosophiques le critère dit pragmatiste de la différence en pratique: nous explorons la conception de la connaissance et de la vérité qui en résulte, ainsi que la philosophie de la religion proposée par James sur le fondement de son pragmatisme.

Nous étudierons la question du naturalisme au sein de la philosophie de l'esprit contemporaine, en particulier de la philosophie analytique (Quine, Putnam, Davidson, Wittgenstein). Peut-on affirmer, comme Quine dans «La relativité
de l'ontologie» (p.~39), que «la connaissance, l'esprit et la signification font partie du même univers auquel ils se rapportent» et qu'«on doit les étudier dans le même esprit empirique qui caractérise les sciences de la nature»? Ce naturalisme tant épistémologique qu'ontologique est à l'origine du renouvellement du débat dans la seconde moitié du XXème siècle: il suscite adhésions et objections. Nous examinerons une des objections importantes dans le paysage analytique contemporain fondée sur l'idée d'une irréductibilité méthodologique des questions conceptuelles aux questions empiriques.